Par Pamela Fuselli, Présidente-directrice générale de Parachute.

« La sécurité routière est une nécessité pour la santé, le climat, l’équité et la prospérité. Si les enfants ne peuvent pas se rendre à l’école à pied ou à vélo sans risquer leur vie, nous limitons leur accès à l’éducation, à la santé et à la liberté et par conséquent notre espoir pour l’avenir. Si nous ne pouvons pas transporter des marchandises au sein d’une nation ou dans le monde entier de manière sûre et durable, nous limitons les possibilités de commerce, de développement économique et d’élimination de la pauvreté. Si nos lieux de travail ne sont pas sûrs, nous menaçons les revenus et la viabilité des familles. L’élimination des décès et des blessures graves sur les routes est essentielle pour atteindre de nombreux autres objectifs de développement durable de manière très directe et claire. On ne peut plus envisager la sécurité routière de manière isolée ». 

Saving Lives Beyond 2020: The Next Steps. (Sauver des vies au-delà de 2020 : les prochaines étapes) 

Comment parvenir au chiffre de zéro mort sur nos routes, objectif ultime du mouvement Vision zéro en matière de sécurité routière ? 

Je faisais partie des 1 700 délégués provenant de 140 pays, dont des ministres, qui ont pris part à la 3e conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière à Stockholm. Nous avons fait un grand pas en ce qui concerne la sécurité routière plus tôt cette année : les projections actuelles prévoient jusqu’à 500 millions de morts et de blessés sur les routes au cours de la prochaine décennie, et l’objectif fixé est de réduire ce chiffre de moitié au moins.  

Nous y parviendrons en suivant les neuf recommandations adoptées lors de cette conférence internationale, recommandations contenues dans le rapport Saving Lives Beyond 2020: The Next Steps. Le rapport a été élaboré dans le contexte du Programme 2030, souvent appelé « Objectifs de développement durable ».  Lorsque ces 17 objectifs ont été publiés par les Nations Unies en 2015, la sécurité routière a été explicitement incluse pour la première fois dans le programme de développement mondial. Comme l’indique le rapport Sauver des vies au-delà de 2020, « cette reconnaissance accrue nous donne une occasion nouvelle et unique de faire avancer les choses ». 

Cette reconnaissance du problème de la sécurité routière en fait une priorité mondiale et souligne l’importance de la collaboration entre les parties prenantes des secteurs privé et public. Nous reconnaissons, plus que jamais, le caractère mondial de la vie, les liens étroits entre les différents problèmes, l’importance des stratégies de prévention pour traiter les problèmes de santé publique et la nécessité d’une action collective et coordonnée.

Les neuf recommandations adoptées sont les suivantes :

  1. Pratiques durables et établissement de rapports : inclure les interventions de sécurité routière dans tous les secteurs dans le cadre des contributions aux objectifs de développement durable.
  2. Approvisionnement : utiliser le pouvoir d’achat des organisations publiques et privées dans l’ensemble de leurs chaînes de valeur.
  3. Transfert modal : passer des véhicules automobiles personnels à des formes de mobilité plus sûres et plus actives.
  4. Santé des enfants et des jeunes : encourager la mobilité active en construisant des routes et des chemins plus sûrs.
  5. Infrastructure : prendre rapidement conscience de la valeur de la conception de systèmes sûrs.
  6. Des véhicules sûrs dans le monde entier : adopter un ensemble minimum de normes de sécurité pour les véhicules à moteur.
  7. Vitesse zéro : protéger les usagers de la route contre les forces d’impact au-delà des limites de tolérance des blessures humaines.
  8. 30 km/h : imposer une limite de vitesse de 30 km/h dans les zones urbaines afin de prévenir les blessures graves et les décès des usagers de la route vulnérables lorsque des erreurs humaines se produisent.
  9. Technologie : faire bénéficier les pays à revenu faible ou intermédiaire des avantages que procure la sécurité accrue des véhicules et des infrastructures. 

Le précédent Plan mondial pour la décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 comprenait un ensemble d’interventions fondées sur des données probantes pouvant améliorer de manière mesurable la sécurité de la circulation routière, en particulier lorsqu’elles sont appliquées dans le cadre d’une approche de systèmes sûrs, autre terme utilisé pour désigner Vision Zéro, qui reconnaît que le transport routier est un système complexe et que les humains, les véhicules et l’infrastructure routière doivent interagir de manière à garantir un niveau élevé de sécurité. 

Une résolution de l’Organisation mondiale de la santé en 2016 a donné lieu à une collaboration avec les membres des Nations Unies et à un accord sur 12 objectifs mondiaux de sécurité routière concernant la prévention et le contrôle des blessures liées aux accidents de la route.

Au vu de ces 12 objectifs mondiaux en matière de sécurité routière (à consulter via le lien ci-dessus si vous ne les connaissez pas) et des neuf recommandations issues de la conférence de Stockholm de cette année, le Canada a mené ou mène actuellement des activités qui permettent d’atteindre ces objectifs. En voici quelques exemples :

Cela dit, nous ne pouvons pas nous contenter des acquis. 

Depuis notre conférence de février, le monde a changé. De façon spectaculaire. Dans les villes du monde entier, nous avons constaté que les rues sont vides, que la pollution atmosphérique a diminué, que les rues se prêtent à la marche et au vélo, que les embouteillages et les déplacements ont diminué, car les gens travaillent à domicile et nous apprécions les systèmes de santé et les soins d’urgence solides et efficaces. La prévention est également en train de devenir l’un des principaux moyens dont disposent les gens pour faire face aux défis quotidiens. Nous sommes désormais conscients de l’efficacité et de l’importance de la prévention. Il s’agit de changements que nous préconisons depuis très longtemps, au sein de la communauté de la sécurité routière et d’autres groupes – transports sûrs, environnement, changement climatique et secteurs de l’activité physique.

Le dynamisme adopté lors de la 3e conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, en vue de collaborer et de faire progresser l’action collective, est encore plus pertinent. Comment préserver les éléments positifs issus de cette situation mondiale sans précédent, comment articuler respectueusement nos arguments face à cette situation, quels sont les groupes avec lesquels nous pouvons nous associer pour traiter collectivement ces questions une fois la crise passée et comment y parvenir ?

Il existe pour la communauté de la sécurité routière, ainsi que pour ceux qui travaillent à améliorer les activités environnementales et matérielles, une opportunité concrète devant être planifiée délibérément afin de rendre nos routes plus sûres et notre planète meilleure pour tous. 

Pamela Fuselli a participé à la 3e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière grâce au soutien de notre partenaire Vision zéro, Desjardins.